Buenos Aires, 1976. La nouvelle junte réprime la contestation avec une violence extrême. Les disparus se comptent par milliers. Leurs enfants ? “ Adoptés “ - pour leur prétendu salut - par des familles proches du pouvoir ; parfois celles des bourreaux eux-mêmes. De ce sombre épisode de l'histoire récente, Elsa Osorio a tiré le récit d'une quête vers la lumière. Celle de Luz, jeune femme dont le prénom peut aussi s'entendre comme “ vérité “ : un sésame pour la génération qui a grandi au milieu des fantômes des “ disparus “. Née en 1975, la metteuse en scène Paula Giusti en est ; et parce que la vie lui a enseigné une salutaire ironie à l'égard des feintes évidences, elle nous invite à l'accompagner dans une investigation à rebours de l'illusion théâtrale. Départ ici et maintenant. Le spectacle se construit à vue, la metteuse en scène commente, les interprètes font des allers-retours entre réel et fiction, en écho à la quête des origines de Luz. Tout semble sous contrôle, sous le regard actif de l'audience... jusqu'à ce que la fiction s'émancipe. Dans cette mise en abîme vertigineuse entre le vrai et le faux, le théâtre et la vie, les images, les marionnettes donnent corps à un troublant récit de manipulation et de faux semblants. Au bout de ce dédale, la résilience. Et un regard lucide sur le mensonge qui usurpa le nom de réalité pour toute une nation.